Cornelius castoriadis. réinventer l’autonomie
Jean-Louis Prat
Paris, Editions du Sandre, 2008, 294 pages, 31 euros.
Ce colloque, où se sont retrouvés, du 1er au 3 mars 2007, de nombreux connaisseurs, aussi savants que passionnés par la pensée de Cornelius Castoriadis, nous embarrasse par la trop grande richesse de contributions auxquelles un résumé ne peut rendre justice. Qui pourrait rendre compte, dans une brève recension, de la subtilité des rapports qu’analysent, entre Castoriadis et des penseurs tels que Hannah Arendt, Horkheimer, Adorno, Illich ou Habermas, les commentateurs minutieux qui nous ont présenté l’état de la question (Jean-Claude Poizat, Laurent Van Eynde, Serge Latouche, Philippe Caumières) ? Par leur technicité, les textes de Pierre Dumesnil et de Sion Elbaz, qui interrogent Castoriadis sur la topologie et la logique mathématique, se prêtent mal au commentaire. Quant aux textes philosophiques inédits, rédigés par Castoriadis à l’époque de Socialisme ou Barbarie, et dont Nicolas Poirier prépare une édition, que pouvons-nous en dire, si ce n’est l’impatience avec laquelle nous attendons cette publication, qui va bouleverser la bipartition schématique d’une oeuvre que l’on scinde en écrits de jeunesse, voués au militantisme et à la politique, et recherches philosophiques, réservées à un âge mûr ?
Accablé par cette richesse, nous avons cru trouver un bon fil conducteur dans le discours de l’adversaire, que Daniel Bensaïd assumait à lui seul. Défenseur d’un marxisme qui fut "codifié sous Staline en doctrine d’Etat", et qui était "devenu l’idéologie de la bureaucratie, en URSS comme dans les partis communistes stalinisés", Bensaïd rappelle à bon droit que la pensée marxiste ne peut être réduite au marxisme officiel. Castoriadis, dit-il, "manie la catégorie du marxisme au singulier comme un gros concept fourre-tout [p. 255]". De sorte que, pour lui, les reproches "adressés au marxisme en général portent en réalité sur son interprétation dominante",