Émile ou de l'éducation
De douze à quinze ans, Émile reçoit une éducation intellectuelle et technique. Il faut se hâter car les passions approchent et «sitôt qu’elles frapperont à la porte, votre élève n’aura plus d’attention que pour elles». On limite donc l’enseignement à «ce qui est utile». L’abstraction ne convenant guère à cet âge, on fonde l’éducation sur l’observation directe de la nature et les leçons de choses. Ainsi, pour la première leçon d’astronomie, le maître est, en fait, un meneur de jeu qui stimule la curiosité, qui instruit en amusant, qui rend l’élève actif et l’invite à raisonner sur ses observations. Émile apprend ainsi la physique, la cosmographie et la géographie. «Je hais les livres ; ils n’apprennent qu’à parler de ce qu’on ne sait pas. Point d’autre livre que le monde, point d’autre instruction que les faits». Sa seule lecture est “Robinson Crusoé”, «le plus heureux traité d’éducation naturelle», l'idée maîtresse de l'œuvre étant la lutte de l'homme seul contre la nature, la reconstitution des premiers rudiments de la civilisation humaine, sans autre témoin que sa propre conscience, sans autres moyens que son énergie, son adresse, son ingéniosité. Émile a beau être élevé seul à la campagne, il ne pourra échapper à la vie sociale, car le retour à l’état de nature serait impossible et dangereux. « En sortant de l’état de nature, nous forçons nos semblables d’en sortir aussi ; nul n’y peut demeurer malgré les autres. » Il faut donc préparer l’adolescent à la société, en le gardant des idées fausses et des préjugés, en lui inculquant ces principes démocratiques : égalité et interdépendance des êtres humains, devoir et nécessité pour tout citoyen de travailler, dignité de tout métier utile, utilité des échanges. Émile, qui sait déjà manier tous les outils, apprend un métier manuel qui lui donne «le goût de la réflexion et de la méditation» et lui forme le jugement.
Autre résumé du livre III
A l’âge de l’adolescence les capacités physiques