Époque féodale
Les gens du moyen âge étaient inquiets. Ils vivaient dans un monde dangereux, violent, menaçant à cause des guerres, de l'agressivité quotidienne, des épidémies. Pour trouver un peu de sécurité, chacun faisait allégeance à plus puissant que soi.
La solennité des serments visait à graver dans les mémoires des engagements qu'aucun écrit ne sanctionnait. Le jour où l'on prêtait serment, on faisait venir un petit garçon et on le giflait pour qu'il en garde le souvenir et puisse en témoigner jusqu'à un âge avancé.
Ces serments solennels, ces engagements sacrés, étaient bien sûr fréquemment violés : des personnages instables, d'une nervosité à fleur de peau, ne pouvaient pas rester longtemps fidèles. Si cette époque a donné tant d'importance au respect de la parole donnée, c'est parce que ce respect était rare.
Le rapport de ces hommes au temps n'était pas le même que le nôtre. En l'absence d'enregistrement écrit, la mémoire des événements se dissipait vite, remplacée par la légende, la fable.
Sont-ils si loin de nous ? La mafia, avec ses padrone, consigliere, lieutenants et hommes de main, avec son découpage en territoires contrôlés chacun par une famille, constitue dans le monde moderne une rémanence de l'ordre féodal. Un ordre analogue fleurit dans nos grandes entreprises et nos organisations politiques lorsque les dirigeants, ces seigneurs de notre temps, exigent l'allégeance des candidats à la cooptation. Les médias nous renvoient une image fabuleuse de notre