Être seul est-ce être libre
contraintes qu'impose la société. Agir librement, c'est nécessairement agir contre le
conformisme ambiant. Mais, ne pas pouvoir satisfaire mes désirs sexuels, mon besoin
d'être aimé et d'exprimer ce que je ressens, voilà ce qui s'oppose à la liberté. Un homme
seul ne peut pas se réaliser pleinement.
On traduit souvent mal en disant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le
sens du mot « politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis », la cité, qui
est une forme spécifique de la vie politique, particulière au monde grec. En disant de
l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en justifiant sa position, Aristote,
à la fois se fait l'écho de la tradition grecque, reprend la conception classique de la « cité »
et se démarque des thèses de son maître Platon. Aristote veut montrer que la cité, la «
polis », est le lieu spécifiquement humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable
nature de l'homme : la « polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ». Il
affirme de même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu : thèse
extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes & Rousseau voudront réfuter,
puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas d'existence autonome et indépendante, mais
appartient naturellement à une communauté politique qui lui est « supérieure ». Enfin
Aristote tente de différencier les rapports d'autorité qui se font jour dans la famille, le
village, l'Etat, et enfin la cité proprement dite. La cité est la communauté politique au
suprême degré et comme elle est spécifiquement humaine, « L'homme est animal politique
au suprême degré ». En effet la communauté originaire est la famille : c'est l'association
minimale qui permet la simple survie, la reproduction « biologique » de l'individu et de