L Horloge Charogne

En effet, les propos de la puissante et effrayante Horloge sont formés à l'impératif, une forme d'injonction pour les mettre en valeur et les isoler du reste du poème “ Remeber ! souviens-toi". Quant aux formules incantatoires, on peut les retrouver dans La chevelure qui expose

glaciers grondants, Quand l’eau de ta bouche remonte Au bord de tes dents, Je crois boire un vin de Bohême, Amer et vainqueur, Un ciel liquide qui parsème D’étoiles mon cœur ! UNE CHAROGNE Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d’été si doux : Au détour d’un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux, Les jambes en l’air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d’exhalaisons

l'omniprésence du morbide, de la tristesse, et surtout de l'irrémédiable est caractéristique de la poésie baudelairienne. Dans « L’Horloge », le poète fait clairement part de la peur du temps qui passe et du mépris qu'il se porte : « Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible » L'amour est alors relié au funeste et devient une mirage inatteignable comme dans « L’Amour et le crâne » : « L’Amour est assis sur le crâne / De l’Humanité ». Au delà de la mort

Le chiffre entre parenthèses indique le nombre d’expressions faites à partir d’un même verbe. abattoir accoutrement ankylosé ausculter barbouiller bifurquer camion capot carambolage carcasse carnage carrosserie cascadeur casque casquette ceinture charogne chicane collision conducteur/trice contravention convoquer corbillard coupe-bordure crécelles crevaison décoller déguerpir démarrer dépasser déraper déshabillée doubler emballeur emberlificoter embrayer engrais engueuler essence essieux essuie-glaces

travers les âges (Les Phares3). Outre les poèmes graves (Semper Eadem) ou scandaleux (Delphine et Hippolyte), il a exprimé la mélancolie (Mœsta et errabunda) et l'envie d'ailleurs (L'Invitation au voyage). Il a aussi extrait la beauté de l'horreur (Une charogne). Les Fleurs du mal connaissent une publication progressive avec une première publication de dix-huit poèmes le 1er juin 1855 dans la Revue des deux Mondes. Le 4 février 1857, Baudelaire remet son manuscrit à l'éditeur Auguste Poulet-Malassis

lectrice - qui lirait les Fleurs du Mal comme on lit un roman, en passant sagement de la page 1 à la page 2, pourra éprouver le sentiment de boire un grand bol d'air pur en abordant l'Invitation au voyage. Ici, plus de poison, plus de cadavres, pas de charognes ni de vampires, pas de tombeaux, mais de la douceur, de l'harmonie, du calme et de la beauté, le doux bercement d'un rythme de gondole baigné dans une chaude lumière. Les voilà, les fleurs platoniques. Ceci, c'est la première impression, celle qui

: 6 strophes de 4 alexandrins : 6 x 4 = 24 donc même division qu’un cadran d’horloge. Chaque quatrain a 4 vers c’est à dire autant que de quarts d’heure. Le poème est établi sur des rimes alternées ce qui rappelle l’alternance du balancier d’une horloge. Restons sur ce même poème, Baudelaire donne l’image du temps comme étant dominateur « son doigt nous menace » et puissant « impassible ». Ce poème est un grand discours destinés aux Hommes. Le temps connait l’avenir « Se planteront bientôt comme

comme s’il ne s’était rien passé dans le but de garder une certaine réputation envers les autres, un certain statut. Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1857) Une charogne Forme : 12 quatrains, chacun d’eux est formé de l’alternance d’alexandrins et d’octosyllabes. Les rimes de ce poème sont croisées. Une charogne évoque le souvenir d’une promenade, avant de se retrouver face à un cadavre en décomposition. Ce poème aborde le thème de l’horreur et montre qu’elle peut être esthétique. Baudelaire

brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait ! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. L'horloge Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi ! Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible, Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon Ainsi

me nourrir de flammes Et je n’avais pas assez des tours et des gares que constellaient mes yeux En Sibérie tonnait le canon, c’était la guerre La faim le froid la peste le choléra Et les eaux limoneuses de l’Amour charriaient des millions de charognes. Dans toutes les gares je voyais partir tous les derniers trains Personne ne pouvait plus partir car on ne délivrait plus de billets Et les soldats qui s’en allaient auraient bien voulu rester… Un vieux moine me chantait la légende de Novgorode