Le Prisonnier zéro

En 1945, c’est la fin de la seconde guerre mondiale et la première bombe atomique explose à Hiroshima, puis quelques jours plus tard, la seconde à Nagasaki. Cette année zéro, d’un monde au bord du chaos, est accompagnée de la désillusion d’une civilisation qui était convaincue que le progrès scientifique était synonyme de progrès humain. Appliquée à la recherche de lois vérifiables, le mot « science » vient du latin « scientia », dont le verbe « scire » signifie « savoir ». Cette dernière sert à

Depuis des lustres, l’homme se demande comment ses sens lui permettent d’appréhender la réalité. Platon avait forgé l’allégorie de la caverne, où des prisonniers enchainés tentaient de comprendre les événements à partir de sons et d’ombres sur les murs. Depuis, les scientifiques ont élaboré des modèles pour décrire les phénomènes étudiés. La comptabilité participe de la même recherche : rendre compte de l’activité des entreprises, même si, pour reprendre une citation du club de réflexion « En Temps

Marie est venu me rendre visite une seule fois. Dans le parloir, tout le monde était forcé de parler à voix haute. J'étais étourdi par tout le chaos qui y régnait. J'étais habitué au calme de ma cellule. Ma voix se perdait parmi celles des autres prisonniers. Au début, le plus difficile, c'est qu'on m'a tout pris, même mes cigarettes. J'avais alors une nausée perpétuelle. J'avais des désirs d'évasion, de liberté, de mer, de plage. J'étais obsédé par le désir d'une femme. Le gardien-chef m'a expliqué

couper les ongles avec les dents ; emporter son attirail aux lavabos et aux latrines sans le lâcher sous peine de disparition et se présenter à la cérémonie de l’échange des chaussures si les leur, leur font mal. Les prisonniers ne peuvent les appliquer car Null Achtzehn signifie Zéro Dix-huit, c’est un adolescent du camp. Dans le camp, un muselmann est un faible, un inadapté, celui qui est voué à la sélection. Il faut faire attention à ses chaussures, car elles sont très vite volées et que dans

faute et ce n ‘est pas de la mienne / non plus, moi non plus, je ne te connais pas … /on ne se connait pas “ (partie 1 scène 11). Si toute reconnaissance est impossible, c’est que les personnages avouent ne s’être jamais connus. Ils se révèlent prisonniers des secrets de famille qui nuisent à la délivrance de la parole. Louis va alors dire qu’il est malade, dire qu’il est atteint du Sida, dire qu’il va bientôt mourir, dire qu’il veut renouer avec ses proches. Cependant, sa parole ne sera pas accueillie

savait que faire, il ressentait en lui un échec immense, qui le poussait de toute force à fuir. Mais il se rendit compte d’une chose qui devint la seule chose qui importait. Il aimait ce qu’il faisait, et ça n’avait pas cessé. Il décida de repartir de zéro. Ce départ forcé d’Apple lui fut inconsciemment salutaire. Et il connu ensuite les cinq années les plus créatives de sa vie. Il mit au point une société appelée NeXT et une autre appelée Pixar, ou il produit le premier film d'animation en trois dimensions

l’absurde au sein même du langage, exprimant ainsi la difficulté à communiquer, à élucider le sens des mots et l’angoisse de ne pas y parvenir. Ils montraient des antihéros aux prises avec leur misère métaphysique, des êtres errant sans repère, prisonniers de forces invisibles dans un univers hostile (La Parodie d’Adamov, 1949 ; Les Bonnes de Jean Genet, 1947 ; La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco, 1950). Par des processus de distanciation et de dépersonnalisation, ces pièces démontent les structures

Campito à Buenos Aires, 2000 à 2300 prisonniers hommes, femmes et enfants avaient été exécutés entre 1976 et 1978. On leurs injectait du phenthotal, provoquant une sorte d’arrêt cardiaque sans pour autant causer la mort, mais qui les faisait sombrer dans l’inconscience. C’est dans cet état d’inconscience qu’on les jetait à la mer du haut d’avions non immatriculés, qui volaient à très basse altitude. Alors qu’on survolait le rio de la plata, et on jetait les prisonniers vivants mais endormi, incapable

tout crime contre l’humanité un homme n’est plus l’égal d’un autre homme. Il est victime d’abord d’interdictions (de mariage, professionnelles, de libre circulation…), puis d’un marquage par une étoile ou un tatouage, enfin d’un parcage. L’homme alors est égal à zéro ; dans un pays où l’assassinat est un crime, il peut impunément être mis à mort. Il n’a plus ce nom que tout être humain reçoit à la naissance et qui lui ouvre l’exercice de tous les droits. Sont exterminés sans décision de justice et sans pouvoir

Les Trente Glorieuses en France et en Allemagne : analogies et différences. » A la fin de la seconde guerre mondiale, l'Europe n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les historiens d'aujourd'hui évoquent l'année 1945, comme « l'année zéro », même si à l'origine cela désigne avant tout la situation alarmante et chaotique de l'Allemagne lors de la chute du Reich. Le fait que la majeur partie des combats de cette guerre s'était déroulé sur le sol européen, conjugué aux divers bombardement