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D'une évidence mal partagée à une revendication de rupture : l'exemple des transports
Martial Lepic
Sur son front était marqué « AGCS » ! (1)
F
1) AGCS (Accord Général sur le Commerce et les Services) : instrument juridique privilégié de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) pour livrer aux apétits mercantiles les zones rentabilisées des services publics.
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Réfractions 15
ace à la Bête capitaliste, les ex-hérauts du deuxième monde effondré brandissent volontiers certains services publics pour leur solidarité fondée sur une relative gratuité. Et nos chevaliers rouges – du sang des autres ! – de citer l'Éducation Nationale ou la Sécurité Sociale.
Mais évoquez la gratuité des transports et ils crieront à la fausse bonne idée, acceptant à la rigueur une gratuité pour les chômeurs nécessiteux, mais revendiquant surtout un travail pour chacun, qui le mette en mesure de payer. Les plus verts d'entre les rouges s'interrogeront sur la gratuité pour favoriser certains transports et taxer les autres, conduisant à dissuader le populo et réserver le luxe de l'opprobre sociale aux riches zélateurs du tyran. Incorrigibles autoritaires qui craignent confusément que la gratuité n'égratigne leur cher État, leur doux travail et leur brillant argent !
A côté, mais épars, de noirs Don Quichotte justement révoltés chantent la prémisse du Grand Soir : « Tu veux bâtir des cités idéales, détruis d'abord ces monstruosités… ». Mais la Bête a la peau dure et un autre chant rappelle que « nous ne trouvons que des pelles et couteaux pour nous armer ».
Entre soutien inconscient et destruction illusoire, reste la voie de la déconstruction qui mettra à jour les parties faibles de l'édifice, et ouvrira des perspectives de reconstruction nouvelle selon le principe de l'utilité sociale.
Or, en matière de services publics et de gratuité, les transports offrent un champ fécond, dans lequel les réflexions anarchistes ont été renouvelées et enrichies ces dernières