Aby warburg, la fuite, la pause
585 mots
3 pages
Le 27 avril 1921, Ludwig Binswanger écrit dans son observation : "Hier, a encore violemment agressé l’infirmière [...]. A sauté sur elle du haut d’une chaise, lui a serré le cou et fermé la bouche, de sorte qu’elle ne pouvait crier. Elle aurait pu mourir si quelqu’un ne s’était pas interposé, car le patient a une force colossale" [6, p. 77]. Ces lignes tracent un portrait concis d’Aby Warburg, un perspicace historien de l’art et la culture qui, malgré ce geste, gagne à être connu. Ce qu’il faut comprendre c’est que dans l’excitation de la catastrophe subjective qu’il traverse à la clinique de L. Binswanger il cherche à détruire la nymphe (1), une pièce maîtresse de sa science sans nom [1]. La "Nymphe porteuse de fruits, la Fortune, [...] les femmes qui étaignent le feu dans l’incendie de Borgo...", ce sont métamorphosées en "Judith, Salomé, la ménade" : la donna cacciatrice di testa [13]. Et pourtant, après plus de six ans de tumulte subjectif ayant attiré autour de lui L. Binswanger, Sigmund Freud, Emil Kraepelin, Hans Prinzhorn, Ernst Cassirer et Walter Benjamin, il reprend ses esprits et conçoit deux outils de recherche qui fascinent la République de Weimar. L’histoire de sa recherche est l’histoire de sa maladie, et son aboutissement est aussi l’achèvement de son œuvre. En somme, l’histoire de comment A. Warburg a sauvé sa tête, après l’avoir perdue.
AMOUR DE L’IMAGINAIRE
L’arbre de A. Warburg
L’arbre généalogique de A. Warburg (Hambourg, 1866) est "fabriqué à partir de morceaux de bois provenant d’une plante transplantée de l’Orient dans la plaine nourricière de l’Allemagne du Nord, et sur laquelle on a greffé une branche venant d’Italie" [17]. Il provient d’une famille sépharade émigrée à Bologne au moyen âge, puis au Nord de l’Allemagne pour bâtir à Hambourg une des plus puissantes banques européennes. A l’âge de 13 ans A. Warburg rénonce à son droit d’aîné sur la banque familiale au profit de son frère Max, à condition que celui-ci lui achète