Accomplir ses désirs
« La vague inquiétude / Qui fait que l'homme craint son désir accompli » écrit Victor Hugo dans son poème Les Feuilles d’automne. Doit-on se méfier de l’accomplissement de tous nos désirs, au point ne pas en faire une quête qui organiserait notre vie ? Et qu’est-ce donc qu’une « bonne règle de vie » ? Ce corrigé ne contient que des pistes de réflexion sur le sujet étudié.
Selon CALLICLES, "celui qui veut vivre droitement sa vie" doit "donner à chaque désir qui pourra lui venir la plénitude des satisfactions" (Gorgias. 491 e - 492 a). Ainsi non seulement l'accomplissement des désirs serait la condition d'une vie heureuse, mais accomplir le plus grand nombre possible de ses désirs serait la condition pour mener une vie bonne selon la nature. Les impulsions naturelles seraient à elles - mêmes la norme de leur valeur. "Voilà la vertu et le bonheur !" soutient CALLICLES (Gorg. 492 c). Précisément ces deux aspects doivent être distingués : la vertu et le bonheur ne désignent pas le même mode de vie. L'accomplissement des désirs peut s'accompagner d'un sentiment de satisfaction, mais cela ne signifie nullement que déterminer sa vie en vue de l'accomplissement de ses désirs puisse fournir "une bonne règle de vie". Ainsi le débauché accomplira tous ses désirs sans qu'il soit possible de dire de lui qu'il mène une vie vertueuse. Cependant, CALLICLES entend bien inverser l'ordre commun des valeurs : la justice est "manque de virilité" (Gorg. 492 b) alors que la licence est vertu. Il ne suffit donc pas de faire l'éloge de la tempérance et de la modération pour répondre à CALLICLES ; il faudrait montrer que l'accomplissement de ses désirs n'est pas : "une bonne règle de vie".
Et en effet comment nommer "règle de vie" ce qui nous emporte et nous fait agir quoique nous en ayons ?
Il semble pourtant que satisfaire ses désirs soit une "bonne règle de vie". Ne serait-ce que parce que chacun cherche à laisser libre