Aimer chez aristote et humanisme
Amour du père pour ses enfants, des enfants pour le père, amour comme liant social, qui génère la concorde, ce pourquoi les législateurs y attachent plus de prix qu’à la justice même. Car si les hommes sont amis, il n’y a plus besoin de justice, tandis que s’ils se contentent d’être justes, ils ont en outre besoin d’amitié. Amitié et justice ont donc une signification politique, dans la mesure où elles assurent la cohésion et l’unité de la cité. Cette exigence va mettre au premier plan la notion de ressemblance, à la base du sentiment communautaire. Aimer, c’est en quelque sorte être capable de s’assimiler quelque chose ou quelqu'un. En anthropologie, le premier partage social, qui est en même temps une assimilation de ce qui est autre à soi-même, c’est le repas. En mangeant à plusieurs la même chose, nous partageons ce moment où se restaure …afficher plus de contenu…
Mais les amitiés de jeunesse, fondées sur le plaisir, se perdent lorsque change l’objet du plaisir. L’une des difficultés des relations d’amitié est la tension qui existe entre l’identité (nous sommes semblables en tant qu’humains) et la différence (nous sommes différents, ne serait-ce que par l’espace que nous occupons). Trop de différence peut entraîner l’impossibilité de communiquer, trop de ressemblances peut conduire à l’illusion narcissique que le meilleur ami serait soi-même, d’où une perpétuelle insatisfaction quand l’autre ne réagit pas, ou n’agit pas comme on l’aurait fait soi-même. L’amitié suppose une commune mesure, et la différence des conditions lui est un obstacle important. C’est même ce qui donne lieu à cette question de savoir si, en fin de compte, les amis souhaitent pour leurs amis les biens les plus grands. Peut-on aimer au point de vouloir que l’autre soit heureux, alors qu’on