Albert cohen : le livre de ma mère
Albert Cohen (1895-1981) adopte la nationalité suisse suite a des études de droit à Genève. En tant que diplomate du Bureau international de travail à Genève et écrivain, il s’implique dans la défense du peuple juif dont il est issu dans Solal (en 1930) Mangelous (1938) et Les Valeureux (1969). Pendant la Seconde Guerre Mondial, il va à Londres et met sa carrière littéraire entre parenthèse pour être chargé de l’élaboration de l’accord international du 15 octobre 1946 et après celle-ci il a été directeur dans l’une des institutions spécialisés des Nations Unis. A la mort de sa mère, il publie Le livre de ma mère qui précède Belle du seigneur avec qui il reçoit, en 1968, le Grand Prix du roman de l’Académie française. La mort de sa mère la beaucoup affecté et il en vient même à s’en vouloir de jamais lui avoir assez dit à quel point il l’aimait et de ne pas l‘avoir sorti de France avec lui.
Le livre:
=> Le livre de ma mère n’est pas la première version autobiographique d’Albert Cohen. En effet, à la suite du décès de sa mère, en janvier 1943, l’écrivain exilé à Londres publie de juin 1943 à mai 1944 quatre textes successifs intitulés Chant de mort (chapitre 1 à 4) qui constituent l’ébauche du Livre de ma mère. Le titre comporte le mot « livre » de ce fait, il souligne l’élaboration littéraire et l’écriture qui lui sert de repos et de réconfort comme le montre la chapitre 1 « Va, je t‘aime, ma seule consolation, va sur les pages où tristement je me complais et dont le strabisme morosement me délecte» où « les mots, ça me console. ». De plus, l’écriture relève à la fois d’un travail inconscient (« va au hasard », « ton lent cheminement irrégulier, hésitant comme en rêve ») et d’une volonté (« cheminement gauche mais commandé ») qui réjouit le narrateur, tout en n’effaçant pas totalement sa tristesse (« tristement, morosement »). Elle « console » et le « venge », mais les mots sont impuissants à faire revivre la mère (« ils ne me rendront pas