Marlene . Femme d'Alex, sa confidente (p. 243), qu'elle a quitté parce qu'il s'était « désinvesti » : « Désinfesti. Quel mot. C'était l'accusation fatale, cette litanie de quatre syllabes, le leitmotiv, le mantra, l'alibi fuyant ; c'était le goudron dans lequel Marlene avait englué ma colère. <Tu t'es désinvesti>, elle brandissait ce blâme comme une saloperie d'immunité diplomatique » (p. 24). Elle est partie réfléchir, déclare-t-elle, « s'éloigner de la tourmente pour mieux en prendre la mesure », forçant Alex « à prendre sa liaison au sérieux, ce que j'avais jusqu'à ce point refusé obstinément de faire. Je me refusais même à considérer que son amant était autre chose qu'un symptôme, sorte de sous-produit bénin de nos problèmes » (p. 17), avoue-t-il. Encore étudiante à l'université (« il y avait quatre ans qu'on était aux études ensemble » p. 89), elle le quitte pour Jean et s'enfuit dans sa retraite de campagne (p. 30), fuite qu'Alex considère comme une véritable trahison. Toutefois, même absente, elle « demeurait la cruelle référence » (p. 32). Après cette liaison avec Jean, liaison qui tourne court, elle tente de se rapprocher d'Alex, qu'elle n'a pas oublié.

C'est à une véritable quête d'identité que se livre Alex tout au long de ses Carnets de naufrage. « Il explore, tâtonne, s'essaie, rate sa cible, recommence, tombe encore », écrit avec justesse Mélanie Thivierge', mais triomphe finalement et reprend goût à la vie après avoir même pensé au suicide. L'espoir revient toutefois et, grâce à une étonnante force de volonté, surtout dans les circonstances, il parvient à retomber sur ses pattes et à revivre. Car c'est à une véritable renaissance que le lecteur assiste après avoir vu le héros lutter farouchement jusqu'à épuisement pour refaire surface. Alex livre une grande et belle leçon de courage. La liberté. Elle est à ce prix. La douloureuse quête d'identité d'Alex débouche sur une quête de liberté. Au terme de sa dérive, Alex apprend à évaluer