Alice
Le rêve paraît avoir plus d’importance que le réel dans l’histoire : même si Alice continue d’avoir des pensées tournées vers son propre monde et à mettre en relation ce nouveau monde qu’elle découvre avec sa vie ordinaire, le rêve est finalement omniprésent. Alice glisse dedans avec un naturel et une facilité incroyables au début du roman puisqu’on ne sait pas, au commencement, qu’elle s’est endormie. La petite fille est en train de s’interroger sur l’éventualité de ramasser des marguerites lorsque le Lapin Blanc fait irruption dans le roman : « Elle s’était mise à réfléchir, (tant bien que mal, car la chaleur du jour l’endormait et la rendait lourde,) se demandant si le plaisir de faire une couronne de marguerites valait bien la peine de se lever et de cueillir les fleurs, quand tout à coup un lapin blanc aux yeux roses passa près d’elle. » Il est donc vrai qu’une atmosphère de sommeil plane sur Alice, mais ses pensées éveillées semblent déjà avoir trait à l’amusement et à la rêverie : il est donc difficile d’établir une frontière entre rêve endormi et monde de ses pensées.
Par ailleurs, le conte est amusant grâce à de nombreux passages humoristiques et dégage cette atmosphère de rêve par les invraisemblances et l’absurde qu’il met en scène. Le rêve est aussi, dans cette œuvre, synonyme de renaissance : à la fin de son rêve, Alice se réveille et a en quelque sorte grandi, elle renaît en se réveillant. Elle semble avoir acquis en partie la maturité nécessaire pour affronter la vie et la réalité.