Analyse de certains poèmes de malherbe
Commentaire
Adresser au Roi un compliment en déclarant que celui-ci a bien de la chance de l’avoir pour poète... puisque ce qu’il écrit «dure eternellement » voilà qui est pour le moins audacieux !
Malherbe se prend-il vraiment au sérieux ? On pourrait le penser, en constatant que la longue pièce XIV, Ode à la Reine sur les heureux succès de sa Régence, se termine par les vers que voici:
Et trois ou quatre seulement,
Au nombre desquels on me range,
Peuvent donner une loüange
Qui demeure eternellement.
Mais en fait, Malherbe ne se prenait pas forcément au sérieux. Si l’on en croit ce que raconte Tallemant des Réaux, Malherbe aurait un jour répondu à un « faiseur de vers » qui se plaignait de ne pas être assez récompensé, « que c’étoit une sottise de faire le métier de rimeur pour en espérer autre récompense que son divertissement; et qu’un bon poète n’étoit pas plus utile à l’Etat qu’un bon joueur de quilles. »
Consolation à Monsieur du Perier
Commentaire
Sur un thème usagé, Malherbe a donné là un des plus beaux poèmes de la langue française. Certains vers sont particulièrement célèbres:
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses...
Qui n’est pas sans rappeler le non moins célèbre:
Mignonne, allons voir si la rose... de Ronsard.
Mais Malherbe a ici, pour parler de la mort, des accents d’une austère grandeur
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles
Et nous laisse crier qui sont plus proches de son contemporain d’Aubigné.
Malherbe est en quelque façon notre Gongora, par son économie de mots, qui nous donne, à nous aujourd’hui, le sentiment de quelque chose d’énigmatique - comme dans ce vers d’ouverture de l’Allégorie à la première des Solitudes:
Restituye a tu mundo horror divino amiga Soledad...
Mais cette façon retenue de dire les choses est en phase avec la coloration générale des textes de l’époque : ceux de l’Alchimie, qui toujours font semblant d’expliquer pour mieux perdre (ô Dédale !), et même les (trop ?) fameux