analyse de doc ECJS
Document 2 L’Europe du XXIe siècle ne se reconnaît plus dans le siècle de Périclès, berceau de la démocratie moderne. Si le mythe de la Caverne illustre à la perfection le fonctionnement actuel de l’Union, les Vingt-cinq refusent de rendre hommage à la Grèce de Socrate et de Platon. Historien du Ve siècle avant Jésus-Christ, sophiste et philosophe, l’Athénien Thucydide n’a plus droit de cité dans le préambule de la Constitution. Ainsi en a décidé la présidence irlandaise de l’Union, approuvée par tous les chefs de la diplomatie européenne, réunis hier à Luxembourg, à l’exception notable des ministres grecs et chypriotes, choqués par ce reniement brutal des origines. « Notre Constitution… est appelée démocratie, parce que le pouvoir est entre les mains, non d’une minorité, mais du plus grand nombre. » Thucydide, II, 37. Cette citation fameuse, objet de dissertation dans les écoles, figurait en exergue du projet de
Constitution pour l’Europe, rédigée sous la houlette de Valéry Giscard d’Estaing. Pendant les deux années de palabres consacrées au texte, personne n’avait trouvé rien à y redire. La polémique a surgi ces dernières semaines, nous dit-on, au cours des négociations « au plus haut niveau » sur le contenu final du traité. Des pinailleurs de haut niveau, donc, ont estimé que la citation, tirée de l’Histoire de la guerre du Péloponnèse, la grande œuvre de Thucydide, était « mal traduite », « tronquée » et « apocryphe ». Voilà pour la forme. Sur le fond, l’accusation est plus grave : Thucydide, père de l’Histoire moderne, serait en réalité un personnage « peu recommandable », pour ne pas dire politiquement incorrect. Son admiration pour Périclès, auteur de la fameuse citation prononcée lors des obsèques de soldats athéniens, et reprise par Thucydide, serait suspecte. Homme d’État, stratège, inventeur de la démocratie, Périclès ne serait pas un « vrai démocrate » au sens moderne du terme. Les