Chapitre 3

On ne badine pas avec l’amour est une comédie proverbe qui offre l’illusion de la régularité et de la permanence. Etant mal sorti de la liaison avec Georges Sand, Musset écrit en 1834 une pièce qui résume, avec un langage légère et moqueur, ses déceptions. Ce proverbe, à côté encore d’autres, fait partie du recueil Un spectacle dans un fauteuil qui représente, on pourrait dire, la naissance des Comédies et Proverbes. Dans cette pièce, l’auteur passe de l’irresponsabilité de l’enfance à une folie alcoolique caricaturée. Musset ne cesse pas d’exprimer le mal du siècle. Le texte de On ne badine pas avec l’amour s’inscrit dans l’un des plus tristes chapitres de la vie de Musset, son retour à Paris, après la rupture de la liaison destructrice avec Georges Sand. Tout le texte vibre des échos de cette liaison et fait entendre dans les dialogues des protagonistes les paroles mêmes de l’échange épistolaire privé : « On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois ; mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui ». Cette partie de la réplique de Perdican est prise d’une lettre que Sand avait envoyée à Musset . Même si Badine appartient au genre du proverbe, Musset a poussé ce genre aux limites de la comédie qu’il représente, car la multiplication des décors machinés, la mort de Rosette éloigne la pièce du simple amusément mondain. La manière distante du chœur de raconter l’histoire renvoie à l’antiquité reniée par les contemporains de Musset. On peut dire que Badine s’oppose au drame romantique, car ce n’est pas un pièce en 5 actes et en vers, mais une pièce en 3 actes et en prose qui reflète une scène intime de la vie privée et non pas un sujet politique historique. On remarque aussi le mélange des genres promu par