Analyse thomas more
a) La publication et le contexte :
L’Utopia [1] est la plus célèbre des œuvres de T. More, qui écrivit par ailleurs des Epigrammata ; une traduction des Dialogues de Lucien ; une Histoire du roi Richard III ; la Vie d’Edouard V (1543) ; un Dialogus quod mors pro fide fugendia non sit publié avec ses lettres à Louvain en 1566 ; et des poésies.
L’Utopia paraît en 1516, en latin, chez l’éditeur Thierry Martens de Louvain en Flandres. Ce livre fut aussitôt porté par la réputation de Thomas More, ami d’Érasme de Rotterdam, et par son contenu même, qui entrait en résonance avec les travaux des humanistes, avec les inquiétudes des clercs quant au devenir de l’Église romaine, avec les préoccupations des magistrats au service du droit et des états, et avec les intérêts des bourgeois cultivés des villes marchandes.
C’est ainsi que T. Martens en tira huit éditions entre 1516 et 1520. Le célèbre Frober de Bâle, éditeur d’Érasme, en tira à son tour deux éditions en 1519. Puis Gourmont, à Paris en 1517, Alde à Venise en 1519, puis bien d’autres à Florence, à Vienne, à Bâle encore une fois… L’Utopia fut traduite en italien en 1548 à Venise, en français à Paris en 1550. Ce n’est qu’en 1551 (16 ans après la mort de T. More) que Ralph Robinson publie sa traduction anglaise, alors que le livre avait déjà fait le tour de l’Europe humaniste. Le succès de l’œuvre de More a continué, avec, en France en particulier, cinq rééditions de 1643 à 1780. De nombreuses éditions et rééditions, nouvelles traductions se sont succédé, faisant ainsi de l’Utopia un monument de la littérature politique.
Thomas More, pourtant, n’est pas précisément ce qu’on appelle un fantaisiste : il est né en 1478 dans une famille de petite noblesse, issue de la bourgeoisie. A vingt ans, il est juriste, puis magistrat, après des études à l’université d’Oxford. Féru d’humanisme, versé dans les lettres latines et grecques, il a suivi l’enseignement de grands