Anthologie fuite du temps
Titre : Le Lendemain
Préface :
Pour moi la poésie représente tout d’abord un art ensuite tout un langage diffèrent qui joue beaucoup avec l’implicite. Elle a le pouvoir de donner de la magie aux mots et de transformer des phrases banales en une douce et belle mélodie. La poésie est également un instrument qui sert à plaire, à instruire, à dénoncer, à s’engager ou tout simplement à s’exprimer ; qui exige beaucoup de réflexion. L'expression commune « la fuite du temps » renvoie au rapport tragique que l'homme entretient à la temporalité. Dire que le temps fuit en effet n'est pas simplement dire qu'il passe ; c'est exprimer à l'égard du temps un sentiment qui dépasse le constat objectif de son écoulement. La métaphore de la fuite évoque une rapidité, et plus encore quelque chose qu'on ne maîtrise pas. Elle signe donc notre impuissance face à un temps qu'on aimerait retenir. L'irréversibilité du temps est à l'origine de ce sentiment de fuite. Le passé s'éloigne toujours plus et le présent, sitôt là, sombre dans ce qui n'est déjà plus. Avec le temps, ce sont les choses ou les êtres qui s'enfuient, et l'angoisse générée tient au fait que tout se transforme et se corrompt. Le sentiment de fuite tient donc au constat d'un changement incessant dont les êtres et les choses sont les victimes non consentantes. Pourtant, le temps s'écoule toujours à la même vitesse et est d'ailleurs objectivement mesurable par le mouvement du soleil ou par les horloges. Le temps présente donc une ambiguïté fondamentale. D'une part, il y a des traces objectives de sa fuite puisque l'enfant que j'étais hier est aujourd'hui un vieillard. Mais d'un autre côté, la métaphore de la fuite renvoie à notre façon de l'appréhender. Le problème qui se pose est donc celui de savoir si notre sentiment de fuite est lié à l'essence même du temps, ou au contraire à notre façon de le percevoir. La fuite est-elle la condition d'existence de la temporalité, ou n'y