Anthologie poetique, la fuite du temps
2. « L’horloge » de Baudelaire
3. « Automne malade » d’Apollinaire
4. « Les Antiquités de Rome » de du Bellay
5. « Un homme passe sous la fenêtre et chante » d’Aragon
6. « Marquise, si mon visage… » de Corneille
7. « Je disais l’autre jour… » de Marbeuf
8. « la ballade des dames du temps jadis » de Villon
9. « Quand je suis vingt ou trente mois... » de Ronsard
10. « Le Pont Mirabeau » d’Apollinaire
11. « Soleils Couchants » de Hugo
12. « le Front Couvert » d’Eluard
13. « Adieux à la jeunesse » de Chateaubriand
14. « L'onde ne chante plus » de Régnier
15. « L'hiver qui vient » de Laforgue
I) « Le Lac » d’Alphonse de Lamartine
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?
Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :
" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.
" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et