Art abstrait
ANALYSE ET CRITIQUEDésamorçons immédiatement tout effet de suspense : je n’aime pas La Marseillaise de Renoir.Voilà, la messe est dite, les jeux sont faits, l’affaire est dans le sac.Et maintenant ?Maintenant que nous avons évacué le problème de l’affect, une fois n’est pas coutume, endossons une panoplie d’analyste rigoureux et penchons nous sur l’un des plus gros échecs public de son auteur. Estampillée ‘réaliste’, l’œuvre de Renoir a suscité quasiment autant de commentaires esthétiques que sociopolitiques. Film consacré à la Révolution Française cette Marseillaise n’échappe bien évidemment pas à cette règle (du jeu ?).Avec La Marseillaise, Jean Renoir a souhaité examiner à la loupe le quotidien de la Révolution. L’intérêt du cinéaste se porte avant tout sur les histoires individuelles qui composent la grande Histoire. Film polyphonique, La Marseillaise suit autant le parcours d’une troupe d’insurgés marseillais que les affres de l’aristocratie parisienne. En mélangeant ainsi les points de vue l’auteur espérait, peut être, livrer le tableau convaincant d’une époque révolue ? Le film s’attarde sur l’anecdotique, et délaisse les morceaux de bravoure que constituent les combats des Tuileries, ou la prise de la Bastille. La caméra baguenaude parfois, hésitante, comme impuissante à rendre compte de l’intensité des affrontements décousus et incertains. Pourtant elle s’attarde volontiers sur le prosaïque : la découverte de la brosse à dents par un roi de France, ou l’introduction des tomates dans la capitale.Renoir se plaisait à répéter que : « Les préoccupations plastiques n’ont rien à voir avec le métier de cinéaste ».(1) La prétendue vérité ne s’accorde pas au perfectionnisme technique. Si les dialogues sont le fruit d’une longue recherche, si les décors ont été reconstitués à