Article la tribune paru le 2/10/2010
En endossant l’habit du « David internet » face au « Goliath du renseignement », le site Wikileaks a jeté un pavé dans la mare de la transparence avec la publication des 250 000 télégrammes de la diplomatie américaine. S’agit-il alors d’un « 11 septembre de la diplomatie mondiale » comme l’a dénoncé Franco Frattini le ministre italien des affaires étrangères, susceptible de « faire sauter les relations de confiance entre les états ? »
Cet envers du décor de la diplomatie tient pour l’heure du secret de polichinelle pour les observateurs les plus affûtés. Que les capitales arabes soient plus obsédées que les Etats-Unis par la menace iranienne, que la Chine espionne Google ou que les frasques de Berlusconi nuisent à ses compétences n’étonne personne. Mais leur exposition au grand jour interroge avec une nouvelle acuité notre désir de transparence.
Depuis des années nos sociétés modernes l’ont érigé en vertu. Des débâcles économiques de Vivendi ou d’Enron jusqu’au scandale de santé publique du sang contaminé en passant par l’affaire du Rainbow Warrior , la transparence est apparue comme le meilleur des remparts aux situations frauduleuses. Son absence sur des points majeurs a contribué à décrédibiliser les puissants. Sa remise en cause est donc immédiatement l’expression d’une société occulte voire mafieuse. C’est le fameux raisonnement selon lequel avoir quelque chose à cacher est forcément suspect et peut constituer une menace pour l’entourage. On comprend dès lors pourquoi l’appel à une éthique fondée sur plus de transparence s’est érigé en parangon d’une société plus civilisée.
S’il n’est pas question de fustiger ce combat légitime, fondement de la démocratie, il est en revanche nécessaire de s’interroger, de façon presque prosaïque, sur ce qui doit ou ne doit pas être transparent ? Avec l’ombre de Georges Orwell en toile de fond, les divulgations de Wikileaks obligent à introduire une nuance entre la révélation d’une