Assurance et finance
Économie
8/12/08
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QUESTIONS OUVERTES
Risques financiers : quelle modélisation mathématique ?
La récente crise financière a suscité des interrogations sur le rôle des modèles mathématiques en finance. Ces modèles sont indispensables, mais il faut connaître leurs limites.
Rama CONT
L
es modèles mathématiques pénètrent tous les secteurs de la finance moderne : gestion de portefeuilles, évaluation des produits dérivés, « régulation prudentielle » des banques, normes de contrôle et de gestion des risques. Pourtant, selon la formule d’un communiqué récent de l’Académie des sciences française, «leur rôle est mal connu, souvent surévalué, parfois diabolisé ». Ce débat a pris une tournure particulière dans les médias français. Dans un élan étrange qui tient plus du règlement de compte avec les mathématiques, instrument controversé de sélection dans le système éducatif français, les médias en France ont accusé les mathématiques financières d’être la cause de nos maux, en citant pêle-mêle la formule de BlackScholes et la surmathématisation de l’économie... Des propos faciles qui, en gonflant le rôle des modèles quantitatifs, évitent de réfléchir aux racines économiques de la crise. L’origine de la crise financière actuelle se trouve dans l’éclatement de la bulle spéculative immobilière aux États-Unis. Loin d’être un phénomène « sans précédent », comme on a pu l’entendre, cette crise répète un schéma familier pour les économistes et a connu de multiples précédents historiques, bien avant l’apparition des «mathématiques financières » ou du moindre produit dérivé. En finance, les modèles mathématiques servent à mesurer et quantifier le risque des investissements. À ce titre, ils jouent le rôle d’outils d’aide à la décision pour les ges-
tionnaires, les investisseurs et les régulateurs. Mais, à de rares exceptions près, une banque ou un fonds d’investissement ne fonde pas une décision majeure