Déjà l’observation a besoin d’un corps de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins la première vision, de sorte que ce n’est jamais la première observation qui est la bonne. L’observation scientifique est toujours une observation polémique ; elle confirme ou infirme une thèse antérieure, un schéma préalable, un plan d’observation ; elle montre en démontrant ; elle hiérarchise les apparences ; elle transcende l’immédiat ; elle reconstruit le réel après avoir reconstruit ses schémas. Naturellement, dès qu’on passe de l’observation à l’expérimentation, le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore. …afficher plus de contenu…

16. L’observation et l’expérimentation sont les deux grands outils du travail scientifique. C’est en observant la nature qu’on peut espérer la comprendre. L’expérimentation, quant à elle, recrée artificiellement des conditions d’expériences afin de tester des hypothèses. On pourrait penser que la science devrait se borner à constater ou établir des faits, en laissant parler les phénomènes. Bachelard s’oppose à cette idée : face à la nature, la raison ne saurait rester passive ; elle doit se méfier. Ce ne sont jamais les réponses les plus immédiates qui sont les bonnes. La pensée est une sorte de combat, contre les apparences, contre les données immédiates, contre les premières « évidences ». Et cela est vrai aussi bien pour …afficher plus de contenu…

». Il est stérile d’observer la nature sans hypothèse de départ. Si le chercheur observe sans idée préconçue, il va à l’aventure, il n’observera pas ce qu’il y a à