Pour qu'une pièce soit amusante et sans fatigue, il faut absolument une bonne dose d'humour et quelques rebondissements. Or, c'est exactement ce que contient la pièce Le Barbier de Séville. C'est une comédie burlesque, en témoigne le procédé du comique de mot abondamment utilisé dans les répliques de Figaro [« En amour, le cœur n'est pas difficile sur les productions de l'esprit. », « chanter comme si vous chantiez ... seulement pour chanter. » I-6], ou dans les jeux de mots du Comte sur le nom de Bartholo « Balordo, Barque à l'eau » (II, 12). Le comique de geste est partout présent : les éternuements de la Jeunesse et les bâillements de l'Eveillé (II, 6, 7), les malaises simulés ou non de Rosine (II, 15 ; IV, 6), l'ivresse du Comte déguisé en soldat (II, 12). Beumarchais a également recours au comique de situation : Rosine faisant tourner en bourrique son tuteur Bartholo pour chercher la fameuse chanson intitulée La Précaution Inutile (II, 3), le Comte Almaviva et Rosine flirtant sous le nez du barbon (III, 4 à 13), le notaire perdu avec deux actes de mariage au même nom (IV, 7) ou encore les scènes où le Comte se déguise en militaire (II) puis en bachelier (III). Ce sont des scènes où l'auteur abuse du procédé du théâtre dans le théâtre. Tout au long de la pièce, un des principaux facteurs de rire sera la parade amoureuse du Comte et de Rosine : tous deux cherchent par mille moyens à communiquer. Figaro fera parfois office de messager « dites lui ... dites lui bien ... » (II, 2). Ils se passeront des billet doux à l'insu de Bartholo (I, 3 et II, 13). Rosine s'aidera de son rôle de fausse ingénue face à son tuteur : mais dernier trouvera tous les indices permettant de penser que sa pupille a un amant. Rosine est plus rusée, moins naïve, et douée d'une ironie et d'un mordant remarquable, tout en gardant une spontanéité qui manque plusieurs fois de faire échouer les plans du Comte et de Figaro. Les actions s'enchaînent, d'une manière très mouvementée. Beaumarchais