Berbere
LA LANGUE BERBERE par Salem CHAKER*
I. LA LANGUE BERBERE : QUELQUES TRAITS LINGUISTIQUES
Le berbère est l'une des branches de la grande famille linguistique chamito-sémitique
(ou "afro-asiatique", selon la terminologie américaine initiée par J. Greenberg), qui comprend, outre le berbère : le sémitique, le couchitique, l'égyptien (ancien) et, avec un degré de parenté plus éloigné, le groupe "tchadique"1. Le berbère peut être considéré comme la langue "autochtone" de l’Afrique du Nord et il n’existe actuellement pas de trace positive d’une origine extérieure ou de la présence d’un substrat pré-/non-berbère dans cette région. Aussi loin que l’on puisse remonter2, le berbère est déjà installé dans son territoire actuel. La toponymie notamment n’a pas permis jusqu’ici d’identifier un quelconque sédiment pré-berbère.
Dans la présentation linguistique qui suit, on a sélectionné quelques points clefs du système linguistique berbère : d'autres, non moins importants, pourraient bien sûr être pris en considération. Le système phonologique
Le consonantisme
Le système phonologique (consonantique) fondamental du berbère a été dégagé depuis longtemps par A. Basset (1946 et 1952 ; Cf. aussi : Galand 1960 et Prasse 1972). Il ne s'agit que d'un système "minimum", que la comparaison interdialectale permet de postuler comme étant commun et primitif à tous les systèmes dialectaux particuliers attestés. Les systèmes phonologiques effectifs peuvent être beaucoup plus riches et divers : en plus des phonèmes empruntés à l'arabe (principalement les consonnes pharyngales /², í/ et certaines emphatiques) et de la tendance à la spirantisation évoquée ci-dessous, les phénomènes de "mouillure"
(palatalisation) et de labio-vélarisation, plus ou moins étendus, contribuent à donner à chaque parler une identité phonétique, voire phonologique particulière. Ce