Leçon 55. Les fondements du devoir Devant les difficultés à trouver un critère sûr du bien et du mal, notre tentation la plus commune, est de nous replier sur notre sentiment intérieur du bien ou du mal. Ce qui revient à dire : "je fais ce que je sens être un bien », « je ne fais pas ce que je sens être un mal ». Ce sentiment du bien et du mal doit me rendre indépendant et m’émanciper à l’égard de toute autorité extérieure. Seulement, comment savoir si ma conscience est suffisamment pure ? Ne se ment on pas à soi-même bien souvent ? Ne fait-on pas tout pour se tromper soi-même, quand cela peut nous faire plaisir ? Le mental est habile, s’il y trouve un intérêt, il peut faire passer un mal pour un bien . Ce qui veut dire qu'il y a pour l'ego un intérêt à rester dans l’illusion. Mais mettre en cause le sentiment intérieur, c’est porter une accusation grave qui porte atteinte à notre autonomie en matière de conscience morale. Si cette accusation est fondée, que nous reste-t-il pour juger du bien et du mal ? Rien d’autre que la capacité de jugement de notre propre raison. Devant notre propre raison, nous pouvons poser les problèmes moraux en terme de devoir. Mais peut-on fonder rationnellement l’exigence morale du devoir ? La raison peut-elle fonder une exigence morale ?
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A. Devoir et raison pratique C’est tout le mérite de Kant d’avoir voulu le montrer. Que dit en substance la moralité commune ? Que la morale correspond à un ensemble de devoirs auxquels nous sommes tenus de répondre, car ils s'imposent à nous comme des obligations. Nous devons exercer notre raison pratique pour décider en fonction de principes clairs ce que nous devons faire. La raison peut incliner la volonté à se porter vers tel ou tel objet qui soit conforme à ce qu’elle pose comme fin. (texte) La question est donc : qu’est-ce que la bonne volonté ? Qu’est-ce qu’une volonté morale ? La réponse de Kant est très simple : une volonté qui se détermine par