Bridger
Je parle avec l’autorité de l’échec.
Scott Fitzgerald
Ben quoi ? Ben oui ! Faut pas compliquer !
Faut dire les choses comme elles sont.
On aime et puis on n’aime plus.
Françoise Sagan
(lors d’un dîner chez elle en 1966 avec Brigitte Bardot et Bernard Frank)
I.
LES VASES COMMUNICANTS
1.
Avec le temps on n’aime plus
L’amour est un combat perdu d’avance.
Au début, tout est beau, même vous. Vous n’en revenez pas d’être aussi amoureux. Chaque jour apporte sa légère cargaison de miracles. Personne sur Terre n’a jamais connu autant de plaisir. Le bonheur existe, et il est simple ; c’est un visage. L’univers sourit. Pendant un an, la vie n’est qu’une succession de matins ensoleillés, même l’après-midi quand il neige. Vous écrivez des livres làdessus. Vous vous mariez, le plus vite possible – pourquoi réfléchir quand on est heureux ? Penser rend triste ; c’est la vie qui doit l’emporter.
La deuxième année, les choses commencent à changer.
Vous êtes devenu tendre. Vous êtes fier de la complicité qui s’est établie dans votre couple. Vous comprenez votre femme « à demi-mot » ; quelle joie de ne faire qu’un.
Dans la rue, on prend votre épouse pour votre sœur : cela vous flatte mais déteint sur vous. Vous faites l’amour de moins en moins souvent et croyez que ce n’est pas grave.
Vous êtes persuadé que chaque jour solidifie votre amour alors que la fin du monde est pour bientôt. Vous défendez le mariage devant vos copains célibataires qui ne vous reconnaissent plus. Vous-même, êtes-vous sûr de bien vous reconnaître, quand vous récitez la leçon apprise par
cœur, en vous retenant de regarder les demoiselles fraîches qui éclairent la rue ?
La troisième année, vous ne vous retenez plus de regarder les demoiselles fraîches qui éclairent la rue. Vous ne parlez plus à votre femme. Vous passez des heures au restaurant avec