Bwiti et initiation
Un texte sur l'initiation au bwiti écrit par un gabonais initié au bwiti fang et diplomé en science humaine...
Initiation au Bwiti, une démarche philosophique ?
De par l’initiation, le Bwiti en tant que rite se définit comme une science qui s’acquiert au truchement par la manducation de l’iboga ou Bois sacré. Le Bwiti est une école de la connaissance de la nature et son objet est de permettre à l’homme de se connaître soi-même pour maintenir son équilibre physique et spirituel. Mais que voit l’initié qui trouve la guérison ?
Aucun initié ne peut nous communiquer la signification objective de ce personnage sacré (Bwiti) sans que nous n’en soyons nous-mêmes des initiés et dans le cas où nous serions effectivement des initiés, nous tomberions, nous-mêmes, sous le coup de la loi du silence.
La compréhension de ce qu’est le Bwiti a quelque chose de comparable à la dialectique platonicienne : le Bwiti est un art (technè) ou une science (épistèmê) qui donne à l’individu qui s’initie les moyens de connaître les choses invisibles pour tendre vers sa propre finalité. Il est, en vérité, la science de la découverte de ce qui est caché ; c’est une étude du langage symbolique de la nature parlante, ayant pour objet de faire prendre conscience à l’homme de la vérité de son être. C’est pour cette raison que ceux qui se soignent dans le Bwiti, après leur initiation, parlent non seulement des éléments relatifs à leur guérison physique, mais disent aussi quelque chose qui désormais, détermine leur conduite quotidienne.
Ainsi, pour le bwitiste, celui qui vient s’initier souffre premièrement de l’ignorance de ce qu’il est : il vient s’initier afin de déchirer le voile de l’ignorance ainsi sortira-t-il de sa caverne. Celui qui souffre ne vient donc pas seulement demander la guérison physique, il cherche d’abord à voir et à savoir les causes profondes de sa maladie. Dans le Bwiti, l’homme s’engage dans une quête, celle du vrai et du bien ou du mal,