Cas canon
Si l'on admet que les entreprises ont une âme, alors on peut imaginer qu'elles ont aussi un karma, reflet de leurs actions passées, présentes et futures. Généralement, ce cycle est dominé par trois figures tutélaires : l'ingénieur, le commerçant et le financier. Les trois coexistent mais dominent à leur tour en fonction des priorités du moment. Ce que, en version française,
Jean-Marie Descarpentries théorisait comme l'alternance des cavaliers et des bénédictins.
Quand Fujio Mitarai est arrivé à la tête de Canon, en 1995, le temps des ingénieurs avait passé. Les diversifications tous azimuts, sans grand souci de rentabilité, avaient mené le célèbre fabricant d'appareils photo aux portes de l'enfer, à la veille de la révolution numérique.
Durant dix ans, il a fait ce qu'un financier sait faire : rationaliser, couper, redresser, rentabiliser. Avec un succès considérable, faisant bondir en dix ans le chiffre d'affaires de 80
% et les bénéfices de 600 %.
En prenant ses distances l'an dernier et en intronisant son dauphin au poste de directeur général, il a envoyé un signal : le temps des ingénieurs est revenu. Tsuneji Uchida a longtemps été en charge du développement technique des appareils photo avant de prendre la responsabilité du très noble pôle photo numérique. A lui désormais d'inventer l'avenir de
Canon, celui qui lui permettra d'atteindre l'objectif fixé par son prédécesseur : entrer dans le gotha des cent premières entreprises mondiales d'ici à 2010 en dépassant les 40 milliards d'euros de chiffre d'affaires, contre un peu moins de 30 aujourd'hui.
Maintes fois commenté, l'apport de Fujio Mitarai au renouveau du capitalisme nippon a été considérable, au même titre que celui de Toyota. Son approche pourrait se résumer en trois points qu'il partage maintenant avec nombre de ses compatriotes et qui définissent une forme de modèle japonais.
1. Le compromis entre la