Ce que la science ne sait pas
« Ce que la science ne sait pas », par Michel
Henry.
« Dieu est la Science » disait Yvon Belaval, voulant signifier par là que la seconde s’était substitué au premier : c’est elle qui détient désormais le savoir, tout savoir concevable, et le
Pouvoir, tout pouvoir dont l’homme est capable en ce monde, pour autant qu’il ne saurait agir sur celui-ci et le transformer qu’à la condition d’en connaître les lois. A cet égard, les progrès foudroyants (dans tous les sens du mots) de la technique qui prolonge le développement scientifique et s’appuie constamment sur lui, sont l’illustration spectaculaire d’une mutation théorique et pratique qui entend désormais confier à la connaissance objective de la nature matérielle le destin de l’homme. Si une croyance subsiste en effet, au milieu de l’effondrement de toutes les croyances et de toutes les valeurs qui caractérise la modernité, c’est bien celle-ci : la croyance que le savoir scientifique constitue l’unique forme de savoir véritable, véridique, objectif et que c’est sur lui par conséquent que l’action humaine doit se fonder et se guider.
Or c’est justement dans son rapport à l’éthique que ce savoir exclusif laisse paraître d’étranges faiblesses. Ce que l’on demande à l’éthique, ce sont au moins deux choses : sur le plan individuel, un noyau de certitudes permettant à chacun de conduire sa vie, sur le plan collectif, une unité offrant à