Chapitre 2 supplément voyage de bougainville
de « Et toi, chef… » à « … biens imaginaires. »
Le XVIII° siècle n’est pas seulement le siècle des « philosophes », il est aussi celui de nombreuses découvertes et explorations, telle l’expédition menée par Louis Antoine de Bougainville (1729-1811), qui partit de Nantes en 1766 pour un voyage autour du monde, accompagné d’un naturaliste, d’un dessinateur et d’un botaniste. De ce long périple, il rapporte un récit, Voyage autour du monde, publié en 1771, qui suscite de nombreux débats car on lui reproche l’absence de réelle découverte. Mais l’ouvrage comporte d’intéressantes peintures de la vie sauvage, dont Bougainville ramène avec lui un modèle, l’ »homme naturel », Aotourou, qui provoque la curiosité des salons parisiens. Diderot, lui, profite de cet ouvrage pour développer sa propre réflexion philosophique dans son Supplément au Voyage de Bougainville, sous-titré Dialogue entre A et B sur l’inconvénient d’attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n’en comportent pas, mais l’ouvrage ne sera publié qu’à titre posthume. Dans son chapitre IX, Bougainville évoque l’accueil que les habitants de Tahiti avait réservé aux Européens, le passage de la méfiance à une véritable hospitalité, au point que Bougainville va comparer l’île au « jardin de l’Eden ». Il mentionne, au fil de son récit, la présence d’un vieillard silencieux, dont il interprète « l’air rêveur et soucieux », comme une crainte « que ses jours heureux, écoulés pour lui dans le sein du repos, ne fussent troublés par l’arrivée d’une nouvelle race ».
Cette simple remarque fournit à Diderot l’occasion de prêter à ce vieillard, faisant ses adieux à Bougainville, un violent réquisitoire contre les Européens. [Pour en savoir plus sur Diderot : http://classes.bnf.fr/dossitsm/b-didero.htm] Diderot, « Supplément au Voyage de Bougainville », chap.II Ce passage est un extrait de son discours, où il oppose les abus des colonisateurs à la vie