Charles péguy, guillaume apollinaire et jean-marc bernard
Les trois poèmes réunis, « Heureux ceux qui sont morts… » de Charles Péguy (texte 1), l'extrait de « Chant de l'honneur » d'Apollinaire (texte 2) et « De profundis » de Jean-Marc Bernard (texte 3), tous trois écrits entre 1913 et 1915, présentent une forte unité thématique : ils évoquent la guerre et la condition ou la mort des soldats. On peut d'ailleurs remarquer que ces trois poètes ont participé aux combats de la Première Guerre mondiale. Cependant, chacun d'eux offre une image différente de la guerre.
Dans le texte 1, Péguy adresse une prière à Dieu en l'honneur des soldats tombés pour la défense de leur terre. Il décrit les raisons pour lesquelles les soldats se sont battus : l'amour de leur patrie et les « honneurs des maisons paternelles ». Il insiste sur l'importance de cette terre qui consacre la valeur des combattants et, métaphoriquement, les anoblit puisqu'elle est « leur pauvre couronne ». Pour le poète, la guerre menée pour sauver sa patrie est « une juste guerre ». Les soldats sont des héros et les combats prennent une dimension épique, comme peut le souligner la répétition de l'adjectif « grand » (v. 5 ; 8 ; 13). Ces soldats, enfin, ont droit au bonheur éternel et à la clémence divine : le poète pastiche la prière chrétienne des béatitudes avec l'anaphore de la formule « Heureux ceux qui sont morts… ». Cette formule assez paradoxale, puisqu'elle associe le bonheur à la mort, exprime l'idée que la mort des soldats n'a pas été vaine et prend ainsi tout son sens. Dans ce poème, les soldats qui se sont battus pour une juste cause sont donc glorifiés.
Dans le texte 2, Apollinaire offre une image plus ambivalente de la guerre. Il évoque l'horreur des tranchées dans lesquelles s'entassent et meurent les soldats, dans des conditions effroyables, comme le souligne l'énumération : « Dans les éboulements et la boue et le froid/Parmi la chair qui souffre et dans la pourriture ». Cependant, la guerre rappelle également la beauté de la nature :