Charmes et envoutements
Les envoûtements de la magie érotique ont pour but d'installer la mésentente dans un couple pour écarter un rival, soit le mari soit un autre amant. Ces imprécations orales accompagnent des figurines mutilées (voir "Défixion") et des textes écrits : on a pu dire que ces textes écrits pérennisent ce qu'a prononcé la voix. Les envoûtements ainsi produits peuvent s'accompagner et s'aider de pharmaka, substances variées qui peuvent parfois en d'autres circonstances apporter un soulagement 3 mais qui peuvent aussi avoir des effets maléfiques (ils deviennent des philtres) : pensons aux pharmaka dont Médée enduit la robe de Glaukè, la fiancée de Jason, ou à ceux qui, enduisant la tunique de Nessus, provoquent les souffrances et la mort d'Héraklès ; dans le premier cas, il s'agit d'éliminer une rivale, dans le second, de retrouver l'amour d'un homme. La Grèce archaïque, d'après ces deux exemples, connaissait donc la magie érotique, mais il faut remarquer que ceux qui l'exerçaient n'étaient pas des sorciers de profession.
À partir du Ve siècle les envoûtements vont se "banaliser" dans la vie de tous les jours. Toutes ces cérémonies secrètes, inquiétantes et nocturnes se placent le plus souvent sous la protection d'Hécate, patronne par excellence, comme nous l'avons signalé plus haut, de la magie et de la sorcellerie, la déesse archère, "qui tire au loin (ou : "de loin") ses flèches", choisissant librement sa cible, flèches