Choisir sa mort, ultime liberté ou tyrannie de la responsabilisation individuelle ?
Entre collectivisme et individualisme
En abordant la question de l’assistance au suicide, au travers de textes et de débats télévisés, nous nous sommes systématiquement confrontés à la tension entre l’individuel et le collectif.
Si la souffrance accapare avant tout celui qui la vit et si l’envie d’en finir avec elle en y mettant fin concerne à nouveau, en premier lieu celui qui en arrive à cette décision irrémédiable, il n’en reste pas moins que le vécu et les choix d’un individu, dès lors que celui-ci s’inscrit dans une histoire, une société, une culture et un contexte socio-démographique, concernent et interrogent également la collectivité dans son entier.
Plusieurs questions émergent : choisir sa mort, est-ce légitime ? Choisir sa mort, à un âge avancé, pourrait être davantage lié à des valeurs d’efficience et de rentabilité qu’à des valeurs de qualités, d’humanité ? Qu’en est-il par exemple de ceux qui restent ? (culpabilité ?) L’individu est-il réellement libre ? Cet homo individualis, si responsable de sa vie et de ses choix au point de devoir lui-même s’occuper de ses derniers instants, de sa mort et de ce qui la suivra sans possibilité de s’en remettre à autrui (médecin, prêtre, amis, parents) ne devient-il pas victime de cette responsabilité ? N’aurions-nous pas le devoir simplement humain de l’en décharger du moins d’une partie et avec son consentement, en l’assistant dans un dernier geste ou en cherchant avec lui un sens à ses derniers instants?
Face à la question de la mort assistée, la société ne se trouve-t-elle pas aux prises entre deux positions antagonistes : d’une part, pourvoir à l’épanouissement individuel de ses membres, en leur accordant le plus de droits possibles, tout en les protégeant d’autre part des dérives de l’exercice de cette liberté (la liberté des uns se termine là où commence celle des autres) ? Que penser d’une société qui n’est