Cinéma colonial
Cinéma Colonial Français au Maroc
(Ou le Miroir déformant)
MEMOIRE ESRA PARIS 2003
Je remercie mes parents, Ahmed Tahiri et Saloua Fakir, pour leur soutien exemplaire.
Ainsi que mon frère adoré, Badr Tahiri ; mon ami Naoufal Rouchdy ;
messieurs Max Azoulay et Souheil Ben Barka,
à eux tous, merci.
Introduction
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Sardanapale, dernier roi despote d’une Babylone dégradée, s’enferme dans sa chambre avec ses femmes et ses eunuques, fait dresser un immense bûcher composé de ses richesses et s’abandonne aux flammes. Mollement allongé dans son lit, Sardanapale regarde, presque indifférent, le spectacle qui l’environne : un eunuque tenant fermement une femme nue s’apprête à l’égorger. Il tue ce qu’il ne peut posséder comme Sardanapale ce qu’il ne peut conserver. De part et d’autre s’offre à notre regard le mariage malheureux de la débauche et de la folie. Le spectacle d’une véritable orgie : comme dans une rêverie érotique, des femmes nues succombent, pantelantes sous le poignard d’eunuques enivrés. Quant au trésor répandu sur l’éclat pourpre des soieries, il préfigure le brasier qui bientôt enflammera et décimera ce monde de dégradation. Voilà l’Orient de Delacroix, celui des peintres orientalistes, de la littérature exotique : voilà comment la civilisation se représentait l’Orient au XIXème siècle, un monde en perpétuelle décadence, égrenés de clichés, de stéréotypes et de fantasmes.
Or, le cinéma –dès sa naissance- va servir de représentant privilégié de cette vision particulière, faite de désir et de peur, que l’Europe, et notamment la France, a de ce qu’elle appelle de manière générique : l’Orient. Ainsi s’ingéniera le septième art à porter, de toute sa puissance iconographique, une image débridée et dangereuse de cet espace exotique sur les écrans des capitales européennes. Aussi, à l’avènement de la colonisation française, en