Classiques et modernes dans l'enseignement en france au xix siècle
Introduction
Le philosophe Albert Camus constatait dans les années 1950 que « Le monde change, et avec lui les hommes et la France elle-même. Seul l'enseignement français n'a pas encore changé. Cela revient à dire qu'on apprend aux enfants de ce pays à vivre et à penser dans un monde déjà disparu. » À ce titre, on peut citer la réticence de la France au XIXe siècle à adapter son enseignement aux nouvelles réalités. La bataille entre partisans de l’enseignement classique et ceux de l’enseignement moderne, particulièrement dans l’enseignement au secondaire, fut en effet très vive au cours du XIXe siècle. Alors que depuis le XVIIIe siècle jusqu’à la Révolution française, on avait vu apparaître un lent déclin de l’enseignement classique, une nouvelle montée des langues anciennes, du latin surtout, réapparaît au début XIXe siècle. Ce n’est qu’après 1880 que l’enseignement classique recule véritablement pour laisser une place à l’enseignement moderne. C’est principalement dans le cadre institutionnel de l’enseignement secondaire public qu’on retrouve au XIXe siècle cette bataille incessante. Comment peut-on expliquer ce surprenant retour des humanités classiques au XIXe siècle et leur persistant combat contre un enseignement plus moderne dans l’enseignement secondaire? Pourquoi se sont-elles si longtemps maintenues en dépit de toutes les condamnations qu’elles subissaient et des nouveaux besoins économiques et sociaux qui demandaient un enseignement plus adapté aux nouvelles réalités ? S’il était possible de tracer la courbe historique de cette bataille dans l’enseignement secondaire, on pourrait voir un renouveau de l’enseignement classique lors du premier tiers du siècle (1), suivi d’une certaine stabilité de celui-ci alors qu’apparait une nouvelle ouverture à l’enseignement moderne (2) et enfin une montée de l’enseignement moderne à la fin du siècle (3).
1.
Période