Cet extrait du premier chapitre de Boris Vian, est la première page de « L’écume des jours » publié en mars 1947. D’emblée, il nous est donné une idée précise de l’ambiance, du personnage et de l’univers fantaisiste servant de cadre à l’ensemble du roman. On a retrouvé des notes datant de 1945 dans lesquelles Vian avait déjà imaginé le cadre de l’histoire alors qu’il avait 25 ans. Il s’agit d’une scène de la vie quotidienne de Colin, le héro, qui termine sa toilette dans une ambiance où les personnages comme les objets semblent être animé d’une vie propre. Nous avons un début de roman apparemment traditionnel dans un décor moderne pour l’époque. Puis, nous découvrons un jeune héro insignifiant aux préoccupations futiles qui évolue dans un univers merveilleux marqué par une précision réaliste. L’homme se nomme Colin, de son point de vue omniscient, le narrateur considère que « le nom de colin lui convenait à peu près ». Il termine sa toilette dans une salle de bain assez moderne pour l’époque (1946), il y a un miroir grossissant, une petite lampe électrique, une baignoire et un sol dallé. Il appartient donc à une classe sociale plutôt aisée. Le texte, d’une nature descriptive montre la succession des gestes de Colin « il s’était enveloppé… », « Il prit à l’étagère… », « Colin reposa le peigne et s’armant du coupe ongles, tailla en biseau les coins de ses paupières » etc.…La précision des descriptions de cet extrait se rapproche de celle d’un story board de cinéma servant au tournage d’un film. Colin est un jeune homme qui prend soin de sa personne, il a les « cheveux clair, quelques boutons sur la figure, la tête ronde, les oreilles petites, le nez droit, le teint doré avec une fossette sur le menton » et « il est assez grand et mince ». Vian le compare au héro Slim de la comédie musicale « Hollywood Canteen » qui servait à distraire les soldats américains pendant la deuxième guerre mondiale. En dehors de la banalité de la scène décrite, on voit que