commentaire de Désert de Le Clezion
A Un cheminement dans la ville...
*Un extrait du roman, glaçant de noirceur : la ville se découvre comme les pièces d'un puzzle, mais des pièces maculées de sang ; chaque élément du décor fournit en quelque sorte une trame ; chaque touche donne des couleurs noires à l'étoffe du récit...On attendrait un paysage marin, nuancé par les effets de lumière, les reflets du soleil : il n'en est rien !
*Le lecteur suit pas à pas les déplacements du personnage, sur les traces d'une jeune fille marocaine, prénommée Lalla : il ressent tour à tour un simple sentiment d'effroi puis de sympathie avec l'héroïne...
*L'émotion naît de la découverte d'un cadre urbain sombre, saumâtre (expression hyperbolique « froid de mort ») ; chaque détail assombrit l'enchaînement d'impressions désagréables pour mieux montrer que le piège s'est refermé sur cette fille. Tous les éléments décrits suggèrent la brutalité, la sécheresse (opposition avec le ruissellement des aisselles : « La sueur coule toujours sur son front, le long de son dos, mouille ses reins, pique ses aisselles »).
*Un air vicié par les odeurs méphitiques, même le dôme est plongé dans un brouillard jaunâtre (idée de brûlure). («haleine de mort qui souffle le long des rues », « les recoins pourris au bas des murs »).
*Une crise d'étouffement « Lalla continuait de marcher, en respirant avec peine » (ligne 1) qui la pousse à une fuite en avant, une course éperdue ; une errance sans cesse menacée par l'incommunicabilité : progressivement, le monde urbain se réduit, se contracte, pour mieux faire ressentir l'enfermement (espaces clos, réduits de la misère ou de l'infortune traduits par l'expression péjorative « recoins pourris ») ;
*Les références à un des lieux désertés, abandonnés, comme vidés de leurs habitants (« les volets sont tirés, les maisons semblent abandonnées ») ; thème récurrent de l'espace inhabité, désertique,