Le film le scaphandre et le papillon
Il y a de ces œuvres qui, mal réalisées et trop poussives, peuvent lever le cœur et détruire les meilleurs sujets. Malgré tous ses défauts et ses intempéries, Le scaphandre et le papillon évite de justesse de boire la tasse grâce aux brios de ses interprètes et les touches de peinture de son réalisateur Julian Schnabel.
Cette biographie romancée adaptée du roman du même nom s'inspire de la vie de Jean-Dominique Bauby (Mathieu Amalric), le rédacteur en chef du magazine de mode Elle. Après un accident vasculaire cérébral et un coma de quelques semaines, il se réveille à l'hôpital, sans l'usage de son corps et de la parole. Son œil gauche et sa raison ne sont toutefois pas touchés et à l'aide de différents médecins, infirmières et visiteurs, il pourra repenser à sa vie passée. Avec un habile système de communication où un clin d'œil signifie « oui » et deux « non », il s'accrochera à la vie en rédigeant un livre.
La bande-annonce ne convainquait guère et ce n'est pas surprenant. L'œuvre est un immense mélo avec ses pleurs parsemés ici et là et sa musique parfois envahissante qui vient souligner les situations. Plusieurs personnes ne pourront supporter une telle manipulation de l'émotion, surtout pas devant ces phrases trop léchées sur le pouvoir de la mémoire et de l'imagination, ces échappées de liberté un peu forcées et ces métaphores parfois appuyées.
Pourtant, il est si facile de se faire prendre au jeu. Afin d'être près du blessé, le réalisateur fait littéralement entrer le spectateur dans sa tête, avec son lot d'incompréhensions à l'égard de ce corps ankylosé et de ces visions rétrécies. Ces effets de style, sans doute trop présents et peut-être même lassants à la longue, ne s'adressent bien entendu pas aux gens claustrophobes. Mais il s'agit d'un procédé narratif original que Julian Schnabel utilise avec savoir-faire, en y incorporant des flashs ingénieux et des retours dans le passé.
Au-delà de cette forme qui ne plaira pas