Commentaire de l’incipit de La Condition humaine.

Au XIXème siècle, les faits historiques et sociaux de l’époque prennent une importance considérable auprès des écrivains considérés comme « réalistes » qui s’emparent des grands événements de leur temps. Au XXème siècle, en raison des conflits mondiaux qui bouleversent le monde, les écrivains se penchent de plus en plus sur la réalité historique. Avec La Condition Humaine, publié en 1933, Malraux aborde l’insurrection communiste de Shangaï dont il détaille le déroulement à la façon d’un reportage écrit sur le vif.
De quelle manière cet incipit introduit brutalement le lecteur dans la violence, les tourments et les doutes du personnage de Tchen ?
Nous étudierons dans un premier temps comment Malraux débute son roman « in media res » par un mode stylique particulier à l’auteur et l’utilisation de procédés cinématographiques. Nous analyserons dans un second temps la personnalité ambiguë de Chen.

L’entrée se fait « in media res » par l’emploi dès le début du texte des deux verbes d’action « lever » et « frapperait » (l.1). En l’absence de toutes explications et de toutes descriptions préalables du cadre et du personnage , l’atmosphère est rendue extrêmement oppressante, l’espace clos, et l’évocation de la mort font penser aux ressorts traditionnels du roman policier. Le lecteur est suspendu à l’intrigue et brûle de connaître le dénouement.
L’atmosphère de clandestinité et de suspens, tel le déroulement d’une scène de crime, plonge d’emblée le lecteur dans un climat de danger. Il se trouve, comme le protagoniste-à travers le regard duquel il suit la scène grâce au point de vue omniscient- au cœur de l’action. Malraux nous invite à comprendre le personnage de l’intérieur, à pénétrer son univers mental, le lecteur et Chen ne font qu’un.
Par l’indication précise de l’heure, minuit et demi, le lecteur est plongé dans l’attente d’un moment décisif. Le minutage