Commentaire la colombe poignardée et le jet d'eau
Il ne s’agit pas d’un commentaire rédigé mais d’éléments de réponse.
Apollinaire publie en juillet 1914, dans la revue des Soirées de Paris, ses premiers « idéogrammes lyriques » auxquels il donnera plus tard le nom de Calligrammes. Le recueil paraît en 1918 sous le titre Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916). Comme l’ambition du poète Apollinaire est de revenir à l’idéogramme, signe graphique minimal qui, dans certaines formes d’écriture, constitue un mot ou une notion, l’œil du lecteur doit saisir le calligramme d’un seul regard comme un dessin ou un tableau. Cependant l’exigence de la lecture s’oppose à cette volonté de saisie synthétique. En étudiant ce poème, nous serons amenés à nous interroger sur les liens, explicites ou implicites qui s’instaurent entre l’image et le texte qui la dessine, puis de tenter d’évaluer dans quelle mesure la forme sert la signification du poème.
1er élément à commenter : la lecture du poème :
Le titre permet la reconnaissance des motifs. La lecture se fait par l’appréhension successive des deux dessins du poème, sans ordre préétabli, quoique l’œil se porte naturellement d’abord vers la colombe, puis vers le jet d’eau, où le «Ô » est mis en valeur.
La connaissance du contexte de rédaction permet de pressentir la fonction symbolique du motif de la colombe poignardée (univers de la guerre, symbole de la paix meurtrie).
2ème élément : la colombe
Les mots du titre y sont cachés, mais le sens est déplacé
C’est l’univers intime du poète qui semble déployé ici par la litanie des prénoms féminins, dont l’un est particulièrement mis en valeur : MARIE. C’est leur disparition qui les « poignarde ». Le ton élégiaque d’un temps passé appelant les amours disparues régit l’ensemble de cette ouverture : « Où êtes-vous jeunes filles ».
Figure de la compagne perdue, Marie Laurencin : elle domine toutes les autres comme une plaie plus profonde rendue par la disposition centrale du coup de poignard