Commentaire un roi sans divertissement giono : la visite chez la brodeuse
Ce passage fait entrer en scène le personnage de Delphine dont le lecteur comprendra mieux le rôle par la suite. On devine peut-être une certaine jalousie entre celle-ci et Saucisse ("ce n'était pas MON Langlois", p.150), mais Giono, avant que Saucisse ne devienne la narratrice, dissipe surtout le malentendu qui pourrait égarer le lecteur à propos de ses relations avec Langlois ("Je suis née vingt ans trop tôt", p. 163). Pourtant, dès que Saucisse a pris la parole, le lecteur se rapproche évidemment beaucoup plus de Langlois, d'autant qu'elle est extrêmement perspicace. Ainsi le rapport qu'elle fait d'un propos ancien de Langlois, tout à fait essentiel, et que Giono souligne (p. 158), où s'affirme une fois encore l'humanité simple des prétendus monstres : "Je ne crois pas, moi, qu'un homme puisse être différent des autres hommes au point d'avoir des raisons totalement incompréhensibles. Il n'y a pas d'étrangers." Ainsi, au cours de la visite chez la brodeuse, Saucisse, qui ne sait rien, devine tout, ou le laisse deviner : que, par exemple, Langlois est venu "pour prendre l'air de la maison" (p. 165), que cette petite supercherie très importante (p. 166) ne doit pas être découverte. Alors que Mme Tim joue son rôle de manière empressée, Saucisse flaire à droite et à gauche (p. 170 : "la curiosité me soûlait un peu"). Et si Mme Tim dira plus tard que la brodeuse avait un "halètement de biche poursuivie" (p. 173), c'est Saucisse qui nous en apprend davantage en notant "la pâleur de Langlois" (p. 171), son immobilité indéchiffrable (p. 177) et sa longue contemplation du portrait qu'elle n'a pu identifier, mais dont dont tout nous laisse à penser qu'il s'agit de M. V. ("Vous êtes veuve, n'est-ce pas ?" a demandé Mme Tim à la brodeuse, p. 182). Rien n'est aussi sûr cependant et, ici