CORRECTION QUESTION DE CORPUS
Ce corpus de quatre textes fait apparaître un thème commun : le discours sur la mort, adressé à la muse, sous forme, plus ou moins ironique, de « carpe diem ». Nous avons pour cela affaire d’abord au sonnet incontournable lorsqu’il s’agit de la traduction française du « carpe diem» horacien , le sonnet de Ronsard, typique des sonnets de la Renaissance ; puis à un second sonnet du XVI, celui de Guillaume de Colletet, qui médite lui-aussi sur la cruauté du temps humain qui passe comme par opposition à la pérennité de l’oeuvre d’art, puis à un quatrième sonnet sur les ravages du temps, celui très connu de Baudelaire, l’auteur des Fleurs du mal, publié à l’orée du symbolisme ; enfin le poème de Raymond Queneau, illustre représentant de l’OULIPO, est une ironique variation en prose, sur le thème du vieillissement de la muse jadis inspiratrice toute puissante.
Malgré la forme lyrique et traditionnelle qui domine (le sonnet pour trois poèmes sur quatre), ces quatre poèmes n’ont pas tous la même vocation ; le sonnet de Baudelaire vise,paradoxalement, malgré son champ lexical très présent de la mort (avec des termes comme « fosse »,
«tombeau», « les morts ») semble fait pour charmer la muse auquel s’adresse ce poème : par l’originalité des rimes (la rime en « oir », spécialité baudelairienne est peu employée dans le reste de la poésie), par l’aspect très visuel et donc très entraînant, très actuel des images violentes (le
«ver») ainsi que par la forme dialoguée. Enfin, ce poème très sombre n’exclut pas la sensualité, au contraire, puisque le corps de la femme, ses « flancs » et sa « poitrine » son « coeur » et ses
« pieds » couvrent tout le second quatrain, comme si, malgré les mots et la rhétorique du poète, le corps concret primait.
En revanche, les trois autres poèmes n’ont pas forcément le but de charmer. L’entreprise est plus argumentative, ce qui apparaît très clairement avec les impératifs du dernier tercet chez Ronsard ou de la fin du