Le mariage trompeur
« Et bien – or donc - poursuivit Campuzano, un jour où nous finissions de manger dans cette auberge de la Solana, où nous logions, arrivèrent – entrèrent deux femmes de belle allure – d’une fort jolie tournure avec deux servantes ; la première se mit à parler avec le Capitaine debout, près d’une fenêtre ; et l’autre s’assit sur une chaise près de moi, abattant son voile jusqu’au menton, lequel ne laissait voir –apercevoir – entrevoir – de son visage que ce qu’accordait – concédait la transparence – la finesse du voile – sans laisser voir de son visage plus que ne le permettait la transparence du voile; et bien que je l’eusse suppliée de me faire par courtoisie la grâce de se découvrir, je ne pus obtenir cela d’elle, ce qui attisa encore plus le désir de la voir ; et pour l’accroître – exacerber davantage, fût-ce par ruse ou par hasard, elle montra une main très blanche, ornée de très belles bagues. J’étais alors des plus élégants, paré de cette grande chaîne que vous avez du me connaître, coiffé d’un chapeau à plumes bordé de ganse, vêtu d’un habit aux vives couleurs, à la soldatesque, et j’étais alors si gaillard aux yeux de ma folie, que celle-ci me donner à penser – faisait croire que j’obtiendrais réponse à tout. Cela étant, nonobstant, je la priai de se découvrir ; ce à quoi elle me répondit :
- Ne soyez pas importun, j’ai une maison ; faites en sorte qu’un page me suive ; bien que je sois plus vertueuse que ne le laisse supposer cette réponse, toutefois, pourvu que je puisse voir si votre intelligence – sagesse correspond à votre fière allure je serai bien aise que vous me voyiez.
Je lui baisai les mains pour la grande faveur qu’elle me faisait en échange de quoi – en retour de laquelle – en paiement de laquelle je lui promis des monts et merveilles. Le Capitaine finit sa conversation ; elles s’en allèrent, suivies par un domestique. Le Capitaine me dit que ce que la dame voulait de lui était qu’il apportât des lettres en