Crise financiere et normes comptables
Le commissaire européen Charlie McCreevy vient de lancer une réforme des normes comptables internationales réclamée par les banques depuis le début de la crise. Au centre des critiques, la comptabilité « à juste valeur », qui oblige les entreprises cotées en Bourse à reconnaître dans leur comptes trimestriels toutes les pertes « potentielles » des titres qu'elles détiennent. Explication.
Depuis un certain temps déjà, la crise financière conduit certains acteurs à dénoncer le rôle de la « comptabilité en juste valeur » (*) imposée par les principales normes comptables utilisées par les sociétés cotées à travers le monde, à savoir les normes US Generally Accepted Accounting Principles (US GAAP) aux Etats-Unis et les International Financial Reporting Standards (IFRS) en Europe. Des dirigeants de premier plan comme Martin Sullivan, PDG du géant américain de l'assurance AIG (remercié depuis par ses administrateurs), et Henri de Castries, PDG d'Axa, ont pointé du doigt la juste valeur comme facteur central de la crise.
Les critiques de la comptabilité en juste valeur portent principalement sur deux problèmes : l'illiquidité (comment valoriser au bilan des instruments financiers sur lesquels il n'y a pas ou peu de transactions) et la procyclicité (quand les normes contribuent à accentuer les évolutions du marché). IFRS et US GAAP proposent une définition de la juste valeur d'un instrument financier à trois niveaux : celle-ci correspond à un prix de marché observable ou, en cas d'absence de celui-ci, au prix de marché observable d'un produit similaire, ou encore, lorsqu'on ne se trouve dans aucun des deux cas précédents, au résultat d'un modèle d'évaluation financière. Or, pour les produits complexes issus de la titrisation (*) d'actifs tels que des prêts immobiliers, qui ont été au cœur de la crise financière, les conditions de marché sont marquées depuis août 2007 par un fort déséquilibre entre l'offre et la demande.
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