critique du libre arbitre
Selon l’auteur, « la liberté de choix est absente des petites comme des grandes choses » (Volonté de puissance , I, 297). Plus proche de Spinoza en cela que des philosophes de la volonté, qui affirment l’autonomie du sujet conscient, l’auteur dans ce texte se présente comme le philosophe qui refuse l’idée même de libre-arbitre: « Il ne nous reste plus aucune espèce de compassion à l’idée de libre-arbitre ». Pour comprendre le refus Nietzschéen de ce principe métaphysique, il faut redéfinir ce qu’il signifie. Qu’est-ce que la liberté du « libre-arbitre »? Il s’agit de considérer; comme le fait par exemple Descartes, que l’action de l’homme trouve son origine dans la volonté capable d’arbitrer, c’est à dire de choisir, de se décider sur des raisons fournies par l’entendement. Autrement dit, selon ce point de vue, la conscience est le fondement de l’action volontaire. Le libre arbitre implique un pouvoir de choix et de responsabilité, implique un pouvoir positif de détermination par la conscience. On retrouve cette idée chez Sartre qui parle de « la contingence absolue d’un libre-arbitre créateur », ou bien encore chez Kant lorsqu’il pense que l’homme a la capacité de se donner à lui-même par la raison les principes de son action.
La philosophie de Nietzsche refuse cette idée: la volonté n’est pas l’expérience d’une autonomie du sujet mais le triomphe d’une force vitale qui s’est frayée un chemin à notre insu et l’illusion consiste à prendre ce sentiment de liberté pour une causalité libre. Le libre arbitre n’est rien d’autre que l’ignorance des causes qui nous font agir et ne veut rien dire d’autre que de ne pas sentir ses propres chaînes, comme le disait déjà Spinoza. Dès lors, il n’existe de volonté libre mais uniquement des volontés fortes et des volontés faibles.
Ainsi, le texte proposé s’inscrit dans le cadre de la critique du libre arbitre et des philosophies qui font de la conscience le fondement de l’action.