Croire ou non
Faut-il admettre comme allant de soi la contradiction entre la croyance et la raison ? Faut-il, autrement dit, poser comme une évidence que la raison ne peut que prouver l'absurdité de la foi, et que la foi réclame que nous abandonnions là toute rationalité ? Il revient à saint Thomas d'Aquin d'avoir voulu articuler ce que le sens commun oppose : la croyance religieuse ne réclame pas de nous l'ignorance, et la raison ne parle pas contre la Révélation. Rien, en effet, dans la religion révélée (c'est-à-dire dans la Bible comme parole de Dieu transmise aux hommes) ne vient contredire la raison : pour preuve, le théologien peut raisonner à partir des articles de foi − si la Révélation était absurde, une théologie rationnelle serait impossible, et tel n'est justement pas le cas. Cependant, si les articles de foi ne sont pas purement et simplement irrationnels, ils excèdent cependant les pouvoirs de compréhension de la raison humaine. Mais ce qui n'est pas intelligible pour nous n'est pas inintelligible en soi : si nous ne comprenons pas tout, la Révélation est pour Dieu l'évidence même. Mais si c'est Dieu lui-même qui a mis la raison en l'homme, la religion ne peut pas nous commander d'en suspendre l'usage : ce serait aller à l'encontre de la bonté des œuvres de Dieu. Le croyant doit donc faire usage de sa raison, tout en reconnaissant qu'elle est limitée et qu'elle ne peut pas tout comprendre.
2. Il faut démontrer autant que faire se peut les articles de la foi
Le croyant devra par conséquent chercher à démontrer ce qui est démontrable, et accepter que tout ne le soit pas, parce qu'il est un être fini et que son pouvoir de compréhension est également fini. Dans son infinie bonté, le Créateur nous a révélé dans le texte saint des vérités que nous n'aurions pas pu saisir par nos seules forces : pour saint Thomas d'Aquin donc, la foi éclaire la raison autant que la raison éclaire la foi. Ainsi, s'il reconnaît