Ce qui permet de distinguer fondamentalement la croissance du développement est l’aspect qualitatif du développement. Ce dernier est un phénomène social et culturel alors que la croissance est d’ordre quantitatif et économique. On peut mesurer la croissance par un indicateur de production tel que le produit intérieur brut (PIB) et plus précisément le PIB par habitant, alors que le développement apparaît plus large et plus complexe que la croissance. François Perroux présentait le développement comme l’ensemble des changements dans les habitudes sociales et mentales d’une population permettant et accompagnant la croissance économique. Le développement se distingue donc de la croissance : il peut y avoir croissance sans développement, par exemple lorsque des découvertes de ressources minières entraînent une augmentation temporaire du PIB qui prendra fin avec l’épuisement des gisements. Le développement implique un processus de changement social et économique. Ces changements de nature différente permettent la croissance qui en retour agira en provoquant de nouvelles transformations socio-économiques.
Les économistes distinguent donc généralement croissance et développement. La croissance se référant principalement à l’augmentation en volume de la production par habitant, alors que le développement implique des changements dans la société plus profonds. Les deux termes sont-ils liés, comme semblait le montrer l’exemple des pays développés à économie de marché (PDEM) ? Et de quelle manière cette liaison prend-elle forme ? Ou existe-t-il des possibilités de croissance sans développement, voire de développement sans croissance ? Nous présenterons donc dans une première partie les liens qui unissent de manière historique les termes de croissance et de développement, en précisant l’apport des grandes théories, et dans une seconde partie nous analyserons les divers cas de dissociation de ces deux notions.
I) « Croissance » et « développement » : deux notions