Créon et la conception politique
Dans la pièce « Antigone », Créon est le roi de Thèbes. Avant de prendre le pouvoir, il était le premier homme de la cour. Après la mort d’Œdipe, Etéocle et Polynice, ses deux fils, devaient lui succéder en alternance toutes les années, mais ils se sont entretués. Etant le frère de la défunte reine Jocaste, c’est à lui qu’est revenu le trône. Créon est décrit comme un vieil homme robuste, fatigué et ridé. On peut supposer qu’il a vu et vécu beaucoup de choses, et que sa fatigue vient de son statut de roi. En effet, comme il le dit lui-même, il est seul et c’est uniquement à lui qu’incombe la tâche de décider ce qui sera bon ou mauvais pour son peuple, ce qui doit être fait ou empêché. D’ailleurs, sa lassitude le pousse parfois à se demander s’il n’est pas vain de diriger les hommes. On parle aussi de Créon comme d’un personnage tyrannique et impatient. On le voit d’ailleurs lors de certaines de ses répliques : « vas-tu parler enfin ? » (page 48), « vous serez punis de toute façon, mais si tu parles, si le bruit court dans la ville qu’on a recouvert le cadavre de Polynice, vous mourrez tous les trois. » (page 52). Créon pense que pour régler une affaire, il suffit de tuer quelqu’un. Il est dur et colérique ; il se laisse souvent emporter par ses sentiments, comme lorsqu’il traite Antigone d’ « imbécile », de « petite peste », d’ « orgueilleuse », de « petite furie », de « petite idiote », de « folle », de « laide »… Sachant que la pièce « Antigone », de Jean Anouilh a été écrite durant l’occupation nazie, on peut supposer que l’écrivain a voulu faire ressortir Hitler à travers le personnage de Créon. Pour lui, son métier de roi consiste à « conduire les hommes ». Il se compare à un ouvrier et dit faire ce qui doit être fait. Les règles qu’il établit visent à faire régner l’ordre dans Thèbes, pour éviter une nouvelle révolution. Il est tellement sûr du pouvoir qu’il exerce que lorsque quelqu’un les enfreint, il en