De la violence dans la vie et demie de sony labou tansi et la plaie de malick fall
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La violence est au cœur de la création littéraire, notamment contemporaine. Elle est un phénomène qui ne cesse de s’accroître et dont les formes se multiplient. Cela ne veut pas dire que le phénomène n’existait pas auparavant. En fait, les scènes de violence étaient présentes et se sont manifestées au cours des siècles en tant que facteur de production littéraire et de création artistique, chez de nombreux auteurs. Toutefois, il faudrait souligner que le zèle et l’inventivité que l’homme déploie pour venir à bout de ses ennemis ont atteint des paroxysmes auparavant jamais égalés. Dans un contexte africain marqué par les traumatismes successifs de l’esclavage, la colonisation et les coups d’états militaires, la violence apparaît comme le dénominateur commun de la majeure partie des œuvres artistiques. Constante dans la production littéraire des écrivains africains, la violence se décline différemment selon certaines périodes de leurs carrières. En 1921 déjà, René Maran avec la préface de Batouala, faisait office de précurseur. Ferdinand Oyono et Mongo Beti avaient, dès les années 50, expérimenté une esthétique réaliste assez acérée pour prendre en charge les violences inhérentes à la colonisation. De l’écriture de Ahmadou kourouma et de Yambo Ouologuem, l’on ne dira pas assez le caractère cruel. A tel point que chez Ken Bugul, la folie et la mort restent les seuls termes d’un choix dans un monde où la tradition n’est plus une alternative viable. Chacun de ces écrivains rend compte des dérives de l’Afrique moderne, et de leur coût en vies humaines. Cette vision n’échappe pas à Jacques Chevrier :«Les écrivains prennent acte de la déréliction de la société africaine et égrènent le chapelet des illusions perdues.» 1 C’est dans cette perspective que nous trouvons intéressant de mener une réflexion sur La Plaie de Malick Fall et La Vie et demie de Sony Labou Tansi. La représentation de la violence politique et sociale demeure une constante chez ces